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Dans son trop court passage à travers la vie, Géricault a marqué l’art d’une empreinte particulière, assez analogue à celle que laissa David, bien qu’en sens inverse. Il fut un réformateur comme lui, en ceci qu’il contribua fortement à réagir contre le classicisme académique de David et qu’il montra la voie, par instinct peut-être plus que volontairement, à tous ceux qui ne cherchent leurs modèles que dans la nature et la vérité que dans la vie.

Phénomène bizarre, l’homme qui donna en peinture le signal de la réforme est sorti de l’atelier de Guérin; de sorte que le plus pur représentant de l’art classique a vu grandir dans le sein même de son école le principe de cette réaction violente qu’on appela bientôt le romantisme et qui n’était encore, dans Géricault, qu’un retour à la réalité forte et simple. Chose étrange, le premier qui protesta contre les nudités grecques et contre la race d’Agamemnon avait été formé par le peintre de Phèdre, de Clytemnestre et du Sacrifice d’Esculape. Gros avait prêté un sentiment héroïque à la vérité de l’action, même vulgaire; il avait vu le côté humain de la noblesse que David enseignait. Géricault devait continuer ce mouvement, mais en osant davantage, en poursuivant la réalité plus loin encore, en y découvrant une poésie profonde, et surtout en rompant avec la tradition antique dans ce qu’elle avait d’antipathique au génie français. Il entrevit une formule qu’il n’eût pas le loisir de développer, formule encore vivante aujourd’hui et qu’ont reprise les maîtres du réalisme.

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