Читать книгу Pouvoir de saint François de Sales. Miracles et guérisons opérés par le saint évêque, tirés du procès de sa canonisation et de pièces authentiques онлайн

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MULTIPLICATION DE VIVRES AU MONASTÈRE DE SIXT (FAUCIGNY).

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Déposition de Pierre de Bellegarde, prieur et abbé de Sixt (Faucigny)

Le signalé miracle pour lequel je viens déposer est celui qui arriva en notre abbaye, en l’année 1618. Le Serviteur de Dieu, étant arrivé au mois de septembre en ladite abbaye de Sixt, pour mettre la dernière main à la réformation d’icelle, il y séjourna jusqu’au samedi, 16 du même mois. Pendant ce temps-là, plusieurs ecclésiastiques et autres personnages de qualité, tant du pays de Gex que du Faucigny, y abordèrent pour voir le Serviteur de Dieu et recevoir sa bénédiction. Durant tout ce temps, toutes les susdites personnes, en très-grand nombre, furent largement nourries et défrayées aux dépens du monastère. L’on compta que l’on avait donné plus de deux cents repas à des personnes de qualité, et quarante à des personnes de moindre condition. Comme on n’avait de provisions que pour la suite du Serviteur de Dieu, qui était très-petite, les religieux étaient extrêmement en peine. Le Serviteur de Dieu, en ayant compassion, leur dit qu’il prierait notre Seigneur pour eux: Ut esset de rore cœli, et de pinguedine terræ abundantia. Et, chose admirable, après toute cette dépense qui, outre l’ordinaire de la communauté, compte fait et bonne supputation, revenait en vin à peu près à deux charges, et, en pain, autant que l’on en pourrait faire avec la farine de deux coupes de froment, qui pèse environ huit à neuf vingt livres la coupe, chaque livre étant de dix-huit onces, on trouva que, par un insigne miracle, le pain ni le vin n’étaient non plus diminués, voire même ne l’étaient pas tant, que si la communauté seule eût bu et mangé. Ce qui fut exactement constaté par tous les religieux qui étaient alors dans ledit monastère, car, six jours avant l’arrivée du Serviteur de Dieu, les religieux avaient fait entamer un tonneau de vin, et fait cuire simplement la même quantité de pain que l’on avait accoutumé de faire cuire pour l’ordinaire. Il ne fut apporté du dehors ni pain, ni vin dans le monastère, ni autre viande Par qui que ce fût, comme les susdits religieux qui étaient présents l’ont raconté et protesté. J’ai appris tout ce que dessus des nommés Bernard Rannaud, Claude Moccand et Jean de Passier, qui étaient présents, et qui m’ont assuré qu’incontinent après le départ du Serviteur de Dieu, on fit la mesure de supputation, tant du pain qui avait été mangé que du vin qui avait été bu. D’après ce qui en restait, tous les religieux qui furent présents trouvèrent ladite multiplication avoir été faite si évidemment, qu’ils publièrent partout les mérites et la piété du saint Prélat, et bénirent le Seigneur, qui, dans ce lieu écarté, avait renouvelé, à la prière de son Serviteur, le même miracle qu’il avait fait dans le désert, pour la nourriture de cinq mille personnes. Ce miracle a été si public et si divulgué, que jamais personne ne l’a révoqué en doute, la mémoire en étant encore toute récente dans le pays.

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