Читать книгу Traité d'équitation. L'art de l'écuyer, les exercices à cheval, la manière d'emboucher les chevaux, de les soigner онлайн
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Une autre raison fait encore naître ces défauts. On les monte trop jeunes, et comme le travail qu’on leur demande est au-dessus de leurs forces, et qu’ils ne sont pas encore assez formés pour résister à la sujétion qu’ils doivent souffrir avant d’être dressés, on leur force les reins, on leur affaiblit les jarrets, on les gâte pour toujours. Le véritable âge, pour dresser un cheval, est cinq, six ou sept ans, suivant le climat où il est né.
La rébellion et l’indocilité, qui sont si naturelles sur-tout aux jeunes chevaux, viennent encore de ce qu’ayant contracté l’habitude d’être en liberté dans les haras, et de suivre leurs mères, ils ont peine à se rendre à l’obéissance des premières leçons, et à se soumettre aux volontés de l’homme, qui, profitant de l’empire qu’il prétend avoir sur eux, pousse trop loin sa domination; joint à ce qu’il n’y a pas d’animal qui se souvienne mieux que le cheval, des premiers châtimens qu’il a reçus mal-à-propos.
Il y avait autrefois des personnes préposées pour exercer les poulains au sortir des haras, lorsqu’ils étaient encore sauvages; on les appelait cavalcadours de bardelle; on les choisissait parmi ceux qui avaient le plus de patience, d’industrie, de hardiesse et d’intelligence, la perfection de ces qualités n’étant pas si nécessaire pour les chevaux qui ont déjà été montés; ils accoutumaient les jeunes chevaux à se laisser approcher dans l’écurie, lever les quatre pieds, toucher de la main, à souffrir la bride, la selle, la croupière et les sangles; ils les rassuraient et les rendaient doux au montoir; ils n’employaient jamais la rigueur ni la force qu’auparavant ils n’eussent essayé les plus doux moyens dont ils pussent s’aviser, et par cette ingénieuse patience, ils rendaient un jeune cheval familier et ami de l’homme, lui conservaient la vigueur et le courage, le rendaient sage et obéissant aux premières règles. Si on imitait à présent la conduite de ces anciens amateurs, on verrait moins de chevaux estropiés, ruinés, recours, roides et vicieux.