Читать книгу Le Fantôme de l'Opéra онлайн

28 страница из 43

Eh bien, tout cela n'était encore rien à côté des accents surhumains qu'elle fit entendre dans l'acte de la prison et le trio final de Faust, qu'elle chanta en remplacement de la Carlotta, indisposée. On n'avait jamais entendu, jamais vu ça! Ça, c'était «la Marguerite nouvelle» que révélait la Daaé, une Marguerite d'une splendeur, d'un rayonnement encore insoupçonnés.

La salle, tout entière, avait salué des mille clameurs de son inénarrable émoi Christine qui sanglotait et qui défaillait entre les bras de ses camarades. On dut la transporter dans sa loge. Elle semblait avoir rendu l'âme. Le grand critique P. de Saint-V ... fixa le souvenir inoubliable de cette minute merveilleuse, dans une chronique qu'il intitula justement La Marguerite nouvelle. Comme un grand artiste qu'il était, il découvrait simplement que cette belle et douce enfant avait apporté ce soir-là, sur les planches de l'Opéra, un peu plus que son art, c'est-à-dire son coeur. Aucun des amis de l'Opéra n'ignorait que le coeur de Christine était resté pur comme à quinze ans, et P. de Saint-V ... déclarait «que, pour comprendre ce qui venait d'arriver à Daaé, il était dans la nécessité d'imaginer qu'elle venait d'aimer pour la première fois!» Je suis peut-être indiscret, ajoutait-il, mais l'amour seul est capable d'accomplir un pareil miracle, une aussi foudroyante transformation. Nous avons entendu, il y a deux ans, Christine Daaé dans son concours du Conservatoire, et elle nous avait donné un espoir charmant. D'où vient le sublime d'aujourd'hui? S'il ne descend point du ciel sur les ailes de l'amour, il me faudra penser qu'il monte de l'enfer et que Christine, comme le maître chanteur Ofterdingen, a passé un pacte avec le Diable! Qui n'a pas entendu Christine chanter le trio final de Faust ne connaît pas Faust: l'exaltation de la voix et l'ivresse sacrée d'une âme pure ne sauraient aller au delà!»

Правообладателям