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Plus équitable et moins exclusive, la critique moderne a fait un retour vers ces belles peintures du XIVe et du xv° siècle; elle en a compris le sentiment profond, l’inspiration réelle et la beauté sereine. Mais quand il s’est agi de faire, à chacun de ces délicieux artistes, la part de gloire qui lui revient, elle s’est heurtée aux incertitudes.

Pour Van der Goës, la destinée fut plus injuste encore, si possible. Van Eyck, lui, fut le familier de la Cour de Bourgogne; traité avec honneur par les gentilshommes, il possédait la faveur du duc lui-même qui, à plusieurs reprises, lui confia des missions diplomatiques importantes. Le patronage de ce prince éclairé et aimable n’était pas, d’ailleurs, très exigeant: Van Eyck vivait à Bruges le plus souvent et y exécutait de nombreux travaux pour les riches marchands de la ville ou pour les chapitres des paroisses. Il touchait, malgré cela, l’allocation annuelle attachée à son titre de peintre et de valet de chambre de Philippe le Bon.

Un jour, le trésorier de la cour imagina de supprimer la pension de Jean van Eyck sous le prétexte qu’il était toujours absent et qu’il n’accomplissait aucune peinture pour le compte du duc. Surpris de ne point recevoir les quartiers de sa pension, Van Eyck s’informa du motif et, l’ayant connu, s’adressa directement à Philippe le Bon et lui témoigna respectueusement mais fermement, son intention de renoncer à un honneur qui lui valait un tel affront. Cela ne faisait point l’affaire du duc qui mettait une coquetterie particulière à s’entourer d’artistes de talent et qui ne voulait en aucune façon se séparer de Jean van Eyck, qu’il estimait. Il morigéna sévèrement son argentier et veilla lui-même à ce que les arrérages impayés fussent exactement comptés. Il y ajouta même un cadeau.

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