Читать книгу Notice historique sur la commune de Gemozac. D'après les mémoires du curé de Pouzaux et d'autres manuscrits онлайн

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Deux ruisseaux arrosent la commune et y prennent leur source, un de chaque côté du bourg. Le premier, qui se pourrait appeler la Gémoze, naît à un kilomètre au sud-est, près les moulins à vent des Papillons (vulgairement Parpaillons). Il entretient un carré de viviers autour du frais jardin Ollivaud, passe non loin de l’ancien temple protestant, encore existant aujourd’hui (1858), fournit plusieurs abreuvoirs, arrose les mottes ou chenevières qui touchent immédiatement les jardins méridionaux de Gemozac, se promène dans les prés de M. de la Porte, à présent à M. Beauvais, y entretient un beau vivier, reçoit les sources des Chelleries, à l’ouest du bourg, coule au bas de l’Enclave et de la Coquerie, entre les prés des Barbinais et de l’Essert, entre Chez-Grenon et Montravail, longe la mare et les bois de ce domaine, les laisse au midi, laisse au nord ceux du Rha et de Bernessard, les plus beaux de la contrée, décrivant là, vu sur la carte, le gracieux contour d’une lyre; il s’y alimente de quelques sources cachées, entretient les viviers de Bernessard, traverse la route de Royan sous le pont de la Ridoire, passe au pied du moulin à vent de l’Anglade, et enfin au village de Chaucrou; c’est là qu’il reçoit l’autre ruisseau dont nous allons parler, après avoir un peu plus complété notre hommage légitime à la Gémoze. Rien de plus frais, toute prévention à part, que les sites arrosés par ce petit ruisseau. Les arbres les plus variés, les plantes les plus élégantes, Salicaire, Eupatoire, Epilobe, Beccabunga, décorent et tapissent son cours. Des villages fort proprets l’accompagnent à distance. Au Rha, de véritables charmilles antiques ombragent des pelouses primitives; le vallon de Bernessard est an digne échantillon de Fontainebleau: futaies majestueuses, garennes en colonnades, troncs capricieux, souches caverneuses, roches moussues même, et mouvements de terrain, rien n’y manque. Oh! oui, ces bois de MAILLÉ et de Bernessard sont dignes d’être peuplés d’oiseaux chanteurs et visités par des poètes et des peintres. Je leur dois, pour ma part, une bonne mesure de mon développement moral et littéraire: que d’excellentes écoles buissonnières j’y ai faites! que d’oiseaux étudiés au bout de mon fusil, en les pipant avec une feuille de lierre! que d’oronges et de strophes. que de chanterelles (fesiques) et de couplets j’y ai recueillis, que de rêveries en y entendant le grondement lointain de l’Océan à Maumusson, lequel, concentré dans les grands bois, y fait plus d’effet que plus près de la côte! Vrai Gaulois, élève des Bardes et des Chênes, je ne paierai jamais, quoique je l’aie essayé quelquefois, mon tribut de reconnaissance à cette forêt quasi natale, qui appartenait alors à M. de la Garde, aujourd’hui à sa fille, mariée avec M. Repéré. Ces nouveaux Druides paraissent, comme l’ancien, vouloir respecter leur temple; je leur en suis vraiment reconnaissant. Si je voyais tomber ces arbres, mes fidèles amis, mes discrets confidents, je pleurerais douloureusement sur leurs ruines.

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