Читать книгу Une saison aux eaux de St Gervais онлайн

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«Au-dessous du village de Saint-Gervais, non loin des bords de la rivière d’Arve, la nature a formé le lieu le plus pittoresque qu’il soit possible d’imaginer. Un petit vallon, large de quelques minutes et long d’un quart d’heure, s’enfonce entre deux collines élevées, couvertes de hêtres, de sapins et d’autres arbres qui ombragent fortement ce lieu solitaire. Au fond du vallon et du milieu des rochers, sort un fleuve de lait qui traverse cette petite prairie et forme, par sa couleur, le contraste le plus étonnant avec la verdure sombre qui tapisse ses bords; l’horizon, rétréci par la hauteur et le rapprochement des deux collines, vous place tout d’un coup dans un désert, et l’on est porté à se croire éloigné de cent lieues des contrées habitées. Voilà le lieu que nous allions visiter: nous avancions à grands pas dans ce paysage romantique. Bientôt, nous découvrîmes un bâtiment occupant toute la largeur du vallon: on ne s’attend pas à voir se terminer ainsi ce lieu sauvage; mais la surprise devint extrême, quand nous aperçûmes, sur la galerie qui forme les devans de cet édifice, des hommes et des femmes dont le costume et la tenue annonçaient le luxe et les modes de l’habitant des cités. Je me demandais à moi-même quel était ce peuple nouveau... Je ne crois pas que l’on puisse voir, en ce genre, un lieu plus extraordinaire et, comme des eaux thermales viennent d’y être découvertes récemment, je ne doute pas que, si jamais nous avons la paix avec l’Angleterre, la route de Saint-Gervais ne soit encombrée de voitures des baronnets et des mylords de toute espèce, qui accourront du bout du monde pour jouir du plaisir de rêver, voire même de se tuer, dans un lieu si propre à ces deux opérations chéries des Anglais et de certaines peuplades qui trouvent de la gloire à les imiter.»

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