Читать книгу Lettres de Sidy-Mahmoud à son ami Hassan онлайн

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Ces tristes pensées m’ont long-temps occupé avant mon départ; mais, en vrai musulman, je n’ai su qu’obéir à la parole du maître. En te quittant, cher Hassan, de funestes pressentimens m’agitaient, et j’ai lu sur ton front soucieux que ton amitié les partageait.

Le voyage n’a point dissipé cette sombre inquiétude; le ciel même semblait conspirer à lac-croître. La tempête a assailli mon navire, et j’ai vu périr, dans les flots, une partie de ces animaux terribles sur lesquels je comptais pour obtenir un accueil favorable; car, tu le sais, ces chrétiens ne sont point insensibles aux présens; et, quand le don leur plaît, peu leur importe la main dont ils le tiennent, et la manière dont il est acquis.

En approchant des côtes de France, ma tristesse redoubla quand on me dit que je devais débarquer à Marseille. N’avions-nous pas appris que cette ville se distinguait entre toutes par son ardeur religieuse, que quelques prédicateurs véhémens s’étaient naguère promenés triomphalement au milieu de sa population enivrée, et que c’est de son port qu’étaient partis tant de guerriers chrétiens qui combattent en ce moment les enfans du prophète? La fatalité semblait me poursuivre en décidant que mes premiers pas sur le sol chrétien me conduiraient dans cette ville funeste.

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