Читать книгу Lettres de Sidy-Mahmoud à son ami Hassan онлайн

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Tu me demanderas sans doute ce que l’on dit des Grecs: je t’assure que les hommes que je vois ici habituellement ne s’en occupent guère. Je me promenais, il y a quelques jours, sur le port, environné de gens qui s’empressaient de me donner des explications sur tous les objets qui frappaient mes regards. Nous étions suivis d’une foule de peuple qui me regardait avec cette curiosité stupide qui paraît être le caractère distinctif des peuples chrétiens. J’aperçus tout à coup quatre individus qui regardaient fixement la mer comme des gens impatiens de la franchir. Un vêtement noir et court serrait leur taille; leur tête était couverte d’un petit bonnet de même couleur; de longs cheveux blonds tombaient sur leurs épaules; tout annonçait qu’ils étaient dans la première jeunesse; mais on lisait sur leur visage pâle et maigre que déjà ils étaient familiarisés avec la fatigue et les privations. Quand je fus plus près d’eux, leurs yeux se fixèrent sur moi avec un mélange d’audace et de dédain auquel je n’étais point accoutumé. Leurs regards devinrent plus dédaigneux encore lorsqu’ils s’abaissèrent sur les individus qui m’entouraient. Je demandai quels étaient ces jeunes gens; on m’apprit que c’étaient des habitans du Nord qui venaient de faire quatre ou cinq cents lieues à pied, de surmonter des obstacles et des privations de tout genre, tout exprès pour s’embarquer à Marseille et aller combattre sous les drapeaux des Grecs. Cette explication justifia le sentiment d’éloignement qu’ils m’avaient inspiré. On se hâta cependant de m’apprendre que ces aventuriers n’avaient trouvé de secours qu’auprès de quelques particuliers obscurs, mais qu’ils n’avaient pas reçu le moindre témoignage d’intérêt de ceux qui viennent de m’offrir des fêtes et des banquets splendides.

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