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Depuis ce temps, cher Hassan, mes jours ont été marqués par une suite non interrompue d’hommages, de divertissemens et de fêtes. A peine sorti du lazareth, les principaux marchands, réunis en corps, m’ont invité à un banquet qu’ils donnaient pour célébrer mon arrivée dans leurs murs. Quoique flatté de leur empressement, je crus devoir y répondre avec réserve; dès l’instant que je trouvais dans ces chrétiens des prévenances auxquelles j’étais si loin de m’attendre, il convenait peut-être de ne point leur laisser oublier la distance qui les sépare d’un musulman. Le jour fixé pour le banquet était un de ceux que notre sainte loi nous ordonne de marquer par l’abstinence. Je leur déclarai que je ne pouvais prendre part à leur banquet, attendu que ma religion me prescrivait de ne m’y asseoir qu’une heure après le coucher du soleil. C’est ici, cher Hassan, que tu vas voir combien le nom musulman inspire encore de respect à ces sectateurs du Christ. Loin d’être rebutés par ma réponse, ils me déclarèrent que le banquet ne commencerait qu’au moment où il me conviendrait d’y prendre place; et, en effet, les convives ne s’assirent à la table du festin qu’une heure après que le soleil eut disparu de l’horizon. Je l’avouerai, je fus si sensible à cet acte de soumission, j’éprouvai une satisfaction si vive d’avoir fait jeûner des chrétiens en vertu de la loi de Mahomet, que je me relâchai de ma réserve accoutumée; je voulus bien me mêler à la joie du festin, et je vis que ces chrétiens se trouvaient convenablement honorés de la familiarité que je leur permettais.

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