Читать книгу Souvenir de Mme Marguerite François 1885-1914 онлайн
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Nous le savions, Marguerite ne demandait pas mieux que d’être comprise, comprise jusqu’au fond de l’âme. Plus d’une fois elle a souffert de ce que sa réserve naturelle, voire sa timidité, l’empêchait de s’expliquer comme elle aurait voulu, devant ses proches ou devant ses amis. Plus d’une fois, elle a pu croire que «le meilleur d’elle-même », comme elle disait, resterait inaccessible à ceux-là même qui avaient le plus souvent les yeux fixés sur elle. Son besoin de s’affirmer n’allait pas jusqu’à heurter de front les opinions reçues, quand ces opinions étaient protégées contre elle par sa tendresse ou par sa piété. Le moment est venu, nous semble-t-il, d’avoir le double courage de la faire parler et de l’entendre, puisqu’aussi bien elle avait quelque chose à nous dire, un témoignage essentiel à nous livrer sur ses expériences et sur sa vie. Le moment est venu de soulever — délicatement — un coin du voile qui dissimulait le tréfonds de cette âme ardente, et n’en laissait apparaître, dans le geste et par le regard, que le reflet magnifique et toujours mouvant. Qui d’entre nous n’a fait l’expérience que la lumière des souvenirs transforme la physionomie de ceux que nous avons cru le mieux connaître, si bien que nous nous imaginons soudain les découvrir? Marguerite, sans le savoir, préparait par ses lettres — écrites d’élan, au courant de la plume, sans apprêt ni retouches, mais avec beaucoup de surcharges — toutes les pièces qui devaient aider à lui rendre, plus complète, cette justice définitive, ou plutôt ce suprême hommage.