Читать книгу Souvenir de Mme Marguerite François 1885-1914 онлайн

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Oui, sans doute, nous aurions pu garder pour nous ces lettres, les réserver uniquement à ceux dont elle fut, par la confiance ou par l’amour, la propriété en quelque sorte exclusive, durant sa courte existence! Mais comment résister à l’appel de tant d’âmes pour lesquelles elle fut un réconfort et une clarté dans les ténèbres, et qui l’ayant perdue aussi, tout comme nous, l’ont pleurée avec nous? A celles-là nous avons voulu conserver, autant qu’il était en notre pouvoir, sa chaleur de vie; mieux que cela: prolonger au delà du tombeau le sillon de lumière qui les a momentanément éclairées. Elles avaient su discerner en Marguerite les qualités les plus hautes; elles avaient subi son influence. Cela leur constitue, à ce qu’il nous semble, un droit sur sa succession.

C’est une chose étrange que pour la partie la plus importante de leur vie, les êtres qui se coudoient tous les jours, restent en définitive étrangers les uns aux autres. Ils ne communiquent que par les gestes les plus ordinaires, leurs pensées les plus communes et les plus banales. Mais ce qui s’agite en eux de vital demeure la plupart du temps dissimulé aux regards. Et pourtant, c’est ce qui créerait entre eux la solidarité la plus étroite. Chacun, replié sous sa carapace, vit et croit lutter dans un isolement à peu près complet. Ainsi les liens les plus forts qui unissent les représentants d’une même génération, c’est-à-dire leurs expériences morales, leur restent cachés et n’apparaissent qu’aux générations suivantes. Ils en perdent la raison d’un plus grand courage et d’un plus grand amour. Que les créatures appelées à vivre ensemble communiquent mieux entre elles, pour vivre mieux et plus vaillamment, c’eût été le vœu de Marguerite. Ce motif, inspiré de la fraternité des âmes sur la terre, est le principal que nous voulions invoquer au seuil de cette publication.

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