Читать книгу Souvenir de Mme Marguerite François 1885-1914 онлайн
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Il justifiera également le choix que nous avons cru pouvoir faire dans les confidences de Marguerite à son amie. Nous en avons éliminé les événements et les détails sur les personnes, pour ne conserver que le reflet de tout cela dans sa vie morale. Ce sont les sommets de la chaîne, si l’on veut, que nous portons au grand jour, et non pas ce qui les relie, ni l’humble matière qui les remplit durant cette période de treize années (1901-1914), décisive dans l’existence de Marguerite. Le reste, nous l’avons laissé de côté comme transitoire, individuel, et comme défendu d’ailleurs par la discrétion la plus élémentaire.
Mais précisément parce que ce sont des sommets pointant vers l’infini de la vie morale, nous n’avons pas craint de dévoiler les plus hardis, ceux qui portent le témoignage le plus énergique sur la nature de Marguerite. Il n’aurait pas valu la peine de la faire parler après sa mort, si c’eût été pour déguiser son intonation, assourdir sa voix, atténuer son geste. Dans toutes ses pensées, dans tous ses sentiments, elle fut courageuse et hardie. Mais ni ce courage, ni cette hardiesse ne saurait offusquer personne, car toujours il s’y mêla la noblesse et la profondeur du sentiment. Pour ceux qui ont connu Marguerite, la passion n’a cessé d’habiter cette âme, une passion qui s’attachait à toutes choses, on peut dire, aux sujets les plus graves et les plus légers. Mais cette passion tendait toujours vers le large. Tout s’y résolvait en grandeur et en élévation. Marguerite en avait conscience elle-même; elle avait fait effort pour orienter sa vie dans ce sens, loin de toutes les petitesses et de toutes les mesquineries. C’est ce qui ôte le droit de l’estimer à une trop commune mesure. Pour que cette vie portât tous ses fruits, pour qu’elle pût nous instruire encore des rivages de l’éternité, il fallait qu’elle fût ainsi: aventureuse dans son essor.