Читать книгу Souvenir de Mme Marguerite François 1885-1914 онлайн

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Qu’entendre par là, sinon qu’elle fut avide de tout connaître et de tout comprendre, et qu’elle comprit tout, facilement, dans un éclair d’intelligence et de passion — ou encore qu’elle aima la beauté sous toutes ses formes, nouvelles ou traditionnelles, dans les arts et dans la nature — dans l’ordre moral surtout. Elle admirait comme un idéal éternel la pureté du cœur, la discipline du caractère, l’héroïsme, le sacrifice, les convictions religieuses, à l’heure même où elle s’écartait le plus de la religion de son enfance. Que dis-je: elle admirait? Elle était attirée perpétuellement vers ces hautes cimes, elle soupirait après ces eaux vives. Mais elle n’y pouvait atteindre non plus par la voie ordinaire de la foi enfantine et du renoncement. Car pas plus qu’elle ne peut s’abstenir de critique, l’âme moderne ne saurait s’abstraire de la vie. Il faut que, placée au centre du monde qu’elle ordonne et qu’elle crée, elle confère à sa personnalité (un des mots favoris de Marguerite) une valeur illimitée; elle ne se reconnaît jamais le droit de mépriser sa nature, de faire violence à ses besoins essentiels, en un mot de se mutiler. D’où le conflit tragique entre les aspirations idéales et l’instinct vital envisagé non plus comme un ennemi qu’il faut vaincre, mais comme un trésor à exploiter pour soi-même et pour les autres. Ce conflit, qui de nous ne le sent en lui-même, au moins à l’état latent? Chez Marguerite, il est actif.

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