Читать книгу La Fauvette. Les souvenirs de littérature contemporaine онлайн
39 страница из 51
Déjà le roi commençait à la remarquer et à lui adresser la parole; la reine se voyait enlever le court empire qu’elle avait à peine ressaisi, et les courtisans empressés de saluer l’aurore du nouvel astre, ouvraient des paris sur l’époque prochaine de son avénement. Il ne fallait pour cela qu’une de ces occasions indirectes, dans lesquelles le galant monarque jetait implicitement le mouchoir.
Résolue à créer à tout prix cette occasion décisive, et à mettre les roués de son côté par un trait digne d’eux-mêmes, madame d’Étioles imagina de donner au roi l’exemple de l’audace, en mettant en avant son propre et infortuné mari, et en bravant Marie Leczinska devant toute la cour de Versailles.
Avant de s’offenser ouvertement de la grandeur inattendue de sa moitié, le bonhomme d’Étioles, comme l’appelle Soulavie, fut longtemps dans la plus douce et la plus commode ignorance. A cette époque, il ne savait rien encore; et ne voyant dans les démarches de la future marquise qu’une ambition naturelle de se pousser à la cour, il se prêtait à ces démarches, loin de s’y opposer, et les secondait même naïvement de toute son influence. Madame d’Étioles n’eut donc pas de peine à lui faire jouer le rôle qu’elle avait arrangé; et voici comment le digne gentilhomme, sans s’en douter le moins du monde, mit au roi le marché à la main, touchant son honneur et celui de sa femme.