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Vous m’avez montré le peu que je vaux, madame, en me faisant confesser que je ne sais ni le russe, ni l’allemand, ni le polonais, ni même l’anglais, mais ce que je sais bien, c’est que je suis et serai entièrement à vos ordres. De toutes les langues que vous savez, le français suffit, et je vais m’occuper de publier vos deux nouvelles dans une Revvue française.»

J’aurais pu me permettre une facétie, dans le gout de Rabelais, en adressant ma lettre à la princesse K..., à Simbirsk, en Russie, ou à Berlin, en Prusse, on au château de Z..., près de Kiev, ou à Vienne, en Autriche, au palais d’été du prince de Liechtensten, etc. Mais je craignais que cette lettre ne s’égarât au milieu de tant d’adresses différentes, et je me contentai de la recommander aux soins du révérend docteur Mayr, ministre évangélique à Oppeln, en Silésie prussienne. Je pouvais bien supposer que la lettre mettrait deux semaines au moins à parvenir à sa destination.

Je portai le manuscrit Une simple histoire, à mon ami, Arsène Houssaye, directeur de l’Artiste, et je le priai de faire paraître dans sa revue cette nouvelle, en la signant: Une grande dame russe. Arsène Houssaye me demanda quelle était cette grande dame; je lui répondis que je ne la connaissais pas même de nom et que son manuscrit m’avait été envoyé de Russie, par un grand personnage de la cour de l’empereur. Arsène Houssaye, qui recevait souvent des communications du même genre pour sa Revue, ne m’en demanda pas davantage; il lut la nouvelle, que je lui avais remise; il y trouva des qualités réelles d’observation et d’exécution. Il se réserva seulement le droit de faire quelques changements dans le style, et la nouvelle parut dans l’Artiste. Elle eut tout le succès, que peut avoir une nouvelle empruntée à la mondaine.

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