Читать книгу Les conséquences d'une faute онлайн
10 страница из 17
» K...
» Vienne, Château d’été duprince Liechtenstein.»
Je ne perdis pas de temps après avoir lu ou plutôt parcouru les deux nouvelles, écrites en français, qui m’arrivaient de Vienne, avec200 pages d’un roman écrit en anglais. Je m’empressai de répondre à l’auteur:
«Madame la Princesse, vous avez renouvelé, sans le savoir, un des épisodes de la vie de Rapelais. Excusez-moi de rapprocher, d’une grande dame telle que vous, ce vieux savant de Rabelais, qui faisait aussi des romans que vous ne lirez jamais. Rabelais, envoyé de Montpellier à Paris pour traiter une affaire secrète avec le cardinal Duprat, chancelier du roi François Ier, ne réussit pas à se faire ouvrir la porte de ce ministre. Il imagina de se déguiser en Arménien, et il se présenta, sous ce costume, à l’hôtel du cardinal: il parla d’abord arménien, et le portier, qui ne le comprenait pas, alla chercher un domestique, à qui Rabelais parla arabe; le domestique fit venir un secrétaire, à qui Rabelais parla turc; le sccrétaire appela un protonotaire, à qui Rabelais parla bas-breton; le protonotaire, dont la science était en défaut, vint trouver le cardinal et lui annonça qu’un asiatique, qui savait toutes les langues, restait à la porte de l’hôtel, sans pouvoir se faire entendre. «Qu’on le fasse monter! dit le chancelier Duprat. Nous verrons bien s’il sait parier français.» Rabelais fut introduit: «Monseigneur, dit-il, en s’inclinant jusqu’à terre, que le bon Dieu vous ait en sa sainte garder!» Le cardinal, qui reconnaissait le docte Rabelais, se mit à rire et dit à ses serviteurs étonnes: «Vous voyez bien que cet habile homme parle français aussi bien que vous et moi.