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--Attends, lui dit Bancalou, je sors aussi. Une minute seulement; le temps de donner au père une petite explication.
Il valait mieux satisfaire le bon vieillard. Il fallait surtout ne pas se laisser soupçonner.
--Tenez, père, je vais vous dire la raison de cette magnificence, continua Bancalou, j'ai peut-être fait une folie, mais je me console en pensant que j'aurais pu en faire une plus grande. Vous savez que j'étais sur le point de me marier. Je vous ai même demandé conseil un jour, et vous m'avez répondu qu'il y en avait plus de mariés que de contents. Vous étiez le centième qui me glissait dans l'oreille ce dicton lamentable. Alors j'ai réfléchi, j'ai regardé mes épargnes entassées avec un soin jaloux dans une boîte vide de tabac. J'ai évoqué le souvenir de ma Dulcinée... Dulcinée, c'est un nom de femme qu'on apprend au Séminaire, quand on peut mettre le nez dans le livre le plus amusant qu'une plume d'homme ait écrit, Don Quichotte de la Manche... Dulcinée, c'était une demoiselle de Tabaso... une espagnole, nécessairement brune, avec des yeux flamboyants, un collier de perles sur la gorge, une bague à la main et un brasier dans le coeur. Elle a peuplé le monde. Lui et elle, Don Quichotte et Dulcinée, ils se sont répandus sur toute la terre et sous tous les cieux. Des Dulcinées, vous en rencontrez à chaque pas. Des Don Quichottes, il en chevauche sur toutes les rossinantes connues: on peut même en trouver à cheval sur la place de nos canots...