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II

LE PAIN BENIT DE PIERRE LONGPRE.

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Un roman qui commence ainsi ne peut être, semble-t-il, qu'une oeuvre morale, et la mère la plus sévère ne saurait refuser de le mettre sous les yeux de sa fille la plus chaste. Cependant, il ne faut pas toujours se fier à l'enseigne. "Au bon marché"., les colifichets se vendent aussi cher qu'ailleurs, et vous payez le lendemain les remèdes à tout mal qu'on vous offre à titre gracieux la veille. Rien pour rien chez l'homme, qui est bien l'habitant le plus égoïste de notre planète. Seulement, l'homme sait déguiser sa convoitise, car il est intelligent. Et puis, comme il est naturellement religieux, il sait aussi la diriger parfois vers le bien, et la transformer en vertu.

Il faut, au reste, que je vous parle du pain bénit de Longpré, puisque là se trouve en germe, l'histoire que j'ai à vous raconter. Ne vous étonnez pas. Le chêne majestueux qui ombrage votre maison était tout entier dans un gland: la rose qui s'entrouvre sur votre fenêtre et parfume votre chambre est sortie d'une petite graine noire tombée dans la poussière; le morceau de pain qui sauve l'indigent de la mort et fait descendre sur votre tête les bénédictions du ciel, vient d'une semence enfouie dans les sillons. Je ne veux pas dire que mon livre aura la grandeur du chêne, le parfum de la rose, ou l'utilité du pain: non: je veux seulement que vous sachiez d'où il vient.

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