Читать книгу Bataille d'âmes онлайн
17 страница из 113
C'était le jour de la Saint-Pierre. Tout près du balustre, vis-à-vis l'autel, s'élevait, majestueux comme un temple indoue, le pain bénit de Longpré. Des cousins, dorés sur le ventre, soutenaient, comme des cariatides, les uns au-dessus des autres, les gâteaux arrondis, vernis avec du sucre fondu et mouchetés d'or. Des fleurs de papier, d'une forme inconnue à la flore canadienne, et née de l'imagination de la boulangère, piquaient de leurs étoiles multicolores la succulente pyramide.
Tous les yeux se levaient vers l'orgueilleuse offrande, et l'autel était oublié au fond de l'abside.
--"Confiteor Deo", récitait le prêtre, incliné au pied des degrés, entre les acolytes distraits qui bredouillaient l'humble prière. Les chantres ne regardaient dans leurs livres que juste assez pour ne pas faire fausse route; les fidèles disaient "mea culpa", en se demandant à qui on allait distribuer les cousins et les gros morceaux. La plupart savaient d'avance comment ils seraient traités comme toujours, comme les petits et les dédaignés, ils n'auraient qu'à plonger la main dans le panier du bedeau, et à faire dévotement le signe de la croix avec la bouchée qu'ils en tireraient. D'autres savaient bien qu'on leur présenterait, avec un salut honnête, l'un de ces brillants cousins debout comme des colonnes entre chaque étage.