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Comme il ne pouvait pas atteindre toujours ceux qui encouraient sa disgrâce, il déversait sa bile sur sa femme, une bonne et sainte créature, et sur son enfant, un beau gamin sournois. Bien des fois la femme découragée tombait en pleurs au pied de la croix, bien des fois l'enfant maltraité se sauvait dehors en proférant des menaces.
Mme Tourteau s'attendait donc à recevoir une nouvelle averse, ce jour-là, à l'occasion du pain bénit, car elle avait bien vu le frémissement de honte et de colère qui venait de secouer son homme. Quand elle monta dans la voiture, après la messe, elle dit pour parer un peu au coup de foudre:
--Le pain bénit ne devrait plus être rendu, ou bien il devrait être également partagé... Des passe-droit dans l'église c'est laid.
--Laisse faire, Christine, il va me le payer, répondit Zidore en faisant claquer son fouet.
Elle s'appelait Christine, sa femme. Christine Morin. Elle fut tout étonnée de ce qu'il ne la maudissait pas. Il semblait même fort adouci. Allait-il la laisser en paix, maintenant qu'il trouvait une autre victime? Elle fut tentée de se réjouir, mais sa conscience délicate se réveilla aussitôt. Elle ne devait pas se réjouir, puisqu'il parlait de vengeance. Il allait peut-être persécuter un honnête homme à cause d'un rien. Qu'est-ce que cela fait, après tout, de recevoir un gros ou petit morceau?... Ils sont également bénits... Oui, mais la bénédiction, ce n'est pas ça qu'il regarde, Zidore... Elle tâcherait de le détourner de son mauvais dessein. Elle serait prudente... Il finirait peut-être par comprendre la nécessité du pardon. Et puis, si elle doit souffrir encore, elle est prête. C'est par la souffrance qu'on arrive le plus sûrement à Dieu, quand on ne peut plus invoquer l'innocence.