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--Je commence à le croire, reprit le vieux en souriant.
Bancalou avait déridé le vieillard, il était satisfait. Il continua:
--Donc, après avoir évoqué ma Dulcinée, celle qui régnait sur mon âme et le menaçait d'un éternel esclavage, après avoir savouré son regard et son sourire dans une rêverie délicieuse, je vis défiler une procession de marmots criards, braillards, sales, dévorant mon pain, déchirant leurs habits; je comptai les jours à peiner et les nuits à bercer; je vis les grâces de ma femme se fondre peu à peu, son parler devenir rude, ses paupières se remplir de larmes, son coeur se diviser et, alors, je répétai votre remarque: Il y a plus de mariés que de contents...
Je le pesai dans mon esprit; je me demandai de quel côté je serais parqué, avec le petit nombre des contents ou le grand nombre des malheureux... J'eus peur et je ne voulus pas m'exposer. Mais il me fallait une compensation. Mes petites épargnes sentaient le besoin de danser un peu dans ma main, loin du fond empesté de cette boîte de ferblanc. Après la femme, ce que j'aimais le plus au monde c'était la montre. La femme, on ne sait jamais de quel métal le bon Dieu l'a fondue. Ma montre est d'or. Et elle repose toujours sur mon coeur, et c'est pour moi seul qu'elle fait tic tac... Si j'oublie de la monter, elle se tait et j'oublie, moi, que le temps s'enfuit.