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Dès son jeune âge Zidore laissa deviner ce qu'il pourrait devenir un jour. Ce qu'il pourrait devenir, car on devient ce que l'on veut. Je parle de l'homme moral. Lui, attiré secrètement par le miroitement de l'or, il pouvait, s'il eut prié et réfléchi, comprendre que les biens ne nous sont donnés que pour un temps, et qu'il faut en faire un usage raisonnable. Il ne priait pas, disant qu'il était inutile de s'adresser à un être surnaturel, qu'on ne pouvait ni voir ni entendre. Comme s'il voyait bien le vent qui rafraîchit son front quand il peine, l'arôme du foin qu'il fane et la pensée voluptueuse qui le captive.
Christine Morin, sa femme, l'avait d'abord accueilli froidement. Toutes les jeunes filles de la paroisse connaissaient sa réputation de mesquinerie et s'en moquaient. Jamais il n'offrait, dans les soirées, ces bonbons sucrés qui font sourire tant de lèvres roses et agacent tant de dents blanches. Il avait un rival. Il se comportait bien autrement ce rival dangereux. Il tombait peut-être dans l'excès contraire. N'importe, on l'aimait. Christine, surtout, le chérissait de toute sa petite âme de fillette candide, et elle faisait des jalouses.