Читать книгу Les vengeances - Poème canadien онлайн
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S'en vont à la dérive avec les flots calmés.
Les soucieux hérons et les canards palmés
Dans le ciel nuageux volent en noires bandes.
Les âmes des marins restent fortes et grandes
En face du malheur. Cependant sur le bord
Du fleuve dont la vague en murmurant s'endort,
Jean Lozet et Louise et la mère elle-même,
Et les deux naufragés que leur malheur suprême
Venait de réunir par des liens nouveaux,
Debout, silencieux, à travers les rameaux,
Regardaient s'en aller, avec les bancs de glace,
Du malheureux vaisseau la sinistre carcasse.
Ces débris aux marins étaient encore chers;
Et sur leur brune face, alors, des pleurs amers
Coulèrent lentement; et leurs mains se joignirent
Comme dans la prière; et les flots entendirent
Un adieu solennel qui les fit tressaillir.
Louise, aussi, pleurait. Elle sentait jaillir
De son âme sensible un flot de sympathie
Depuis la mort du Christ la douleur est bénie:
On se sent attiré vers l'homme malheureux,
Et l'on marche avec lui le chemin douloureux.
Le plus jeune marin vit, à travers ses larmes,