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CHANT ONZIÈME
LE DÉGEL
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Du brigantin léger le naufrage funeste
Fut l'unique entretien de tout le bourg agreste.
On pleurait sur le sort des matelots perdus
Que leurs parents, hélas! ne verraient jamais plus!
On vantait de François le courage sublime:
Il avait résolu de se faire victime
Pour sauver son semblable et le prendre à la mort,
Peu d'hommes, en effet, de ce suprême effort,
Sont capables. Et lui, le héros du village,
Il savait profiter de son noble avantage.
Les fillettes sur lui levaient des yeux plus doux:
Et les jeunes garçons en étaient fort jaloux.
Louise ressentait tant de reconnaissance
Qu'elle s'abusait même; et, dans son innocence,
En levant sur François son regard ingénu,
Croyait à cet amour jusqu'alors inconnu.
Aux premiers vents glacés le ruisseau se festonne,
La terre se durcit: mais ces grands froids d'automne
Sont suivis, bien souvent, d'un dégel prolongé.
On dirait, ô saisons que votre ordre est changé!
Le temps s'est adouci; le jour chasse les ombres.
Du bâtiment perdu les épaves sans nombres