Читать книгу Mercados del lujo, mercados del arte. El gusto de las elites mediterráneas en los siglos CIV y XV онлайн

22 страница из 265

Il y a des êtres qui sont d’une autre essence que le commun: le luxe a pour charge de le concrétiser. Il n’est donc pas quelque chose de superflu, mais une nécessité symbolique de l’ordre inégalitaire. C’est bien une logique de l’ostentation qui fonctionne, mais, là encore, le luxe s’inscrit dans une vision religieuse. C’est pourquoi les critiques du luxe sont marginales. Elles se focalisent sur le luxe privé, celui des femmes notamment, parce que leur goût pour les fards est perçu comme une trahison de la vérité naturelle! Le luxe public, en revanche, celui que pratiquent les mécènes mérite d’être célébré, même si tel ou tel moraliste peut dénoncer l’orgueil et la vanité de la folie des grandeurs.

Vers la fin du Moyen Âge apparaissent deux séries de phénomènes. D’abord, le luxe se marie avec le goût de la culture. Il n’existe plus de prince qui ne se targue d’avoir une collection de livres, de statues, etc. Sa finalité n’est ni économique ni religieuse, mais esthétique: savourer les belles choses. Le luxe devient une forme de sensualisme dont ne rendent pas compte les passions distinctives de la reconnaissance sociale. Parallèlement à cet engouement surgit la mode au sens strict, avec son culte de l’éphémère. Contrairement au luxe, la mode n’est pas éternelle. Pour qu’elle apparaisse, il faut que la nouveauté soit devenue une valeur positive, ce qui est évidemment impensable dans le monde de la tradition. Avec la mode se met en place la première grande figure d’un luxe moderne, superficiel et gratuit, délivré des puissances du passé et de l’invisible.

Правообладателям