Читать книгу Au pays des féeries. Quarante contes empruntés au domaine du merveilleux онлайн
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Qui fut ravi? Ce fut le sieur Jeannot. Il sauta aussitôt en l’air, en agitant triomphalement son bonnet.
— Enfin, se dit-il, me voilà les bras libres! Merci, mon Dieu, de cette dernière grâce! Décidément, tout me vient à point depuis ce matin.
Et, d’un pas accéléré, il fila jusqu’à son village, où il raconta à sa chère mère, en riant aux éclats, l’étonnante succession de coups de fortune qu’il avait eus en une seule journée. L’histoire s’en répandit bientôt dans le pays, et le garçon ne fut plus désigné désormais que par le nom de Jeannot-la-Chance.
GRAIN-DE-SEL
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Il était une fois un roi appelé Gagne-Toujours, qui avait un page appelé Grain-de-Sel. Il l’aimait extraordinairement à cause de son esprit, de sa gentillesse et de son savoir-faire en toutes choses. La faveur dont le jeune homme était l’objet excitait fort l’envie des autres serviteurs de la cour, et tous ne cherchaient que les moyens de lui faire perdre les bonnes grâces du monarque.
L’un semait des pois sur les marches du trône, afin que Grain-de-Sel y fit un faux pas et cassât le sceptre de verre qu’il était chargé de tendre au roi. L’autre clouait des pelures de melon sous les souliers du jeune page, afin qu’il glissât et répandît sur l’habit du prince la soupe qu’il lui apportait. Un troisième fourrait des moucherons dans la perruque du roi lorsque Grain-de-Sel frisait celui-ci. Un quatrième enfin imaginait quelque autre malice; bref, c’était à qui s’efforcerait de nuire au favori. Mais ce dernier déployait tant de sagesse, de circonspection et de prévoyance, que ses ennemis en étaient pour leurs frais de méchanceté.