Читать книгу Au pays des féeries. Quarante contes empruntés au domaine du merveilleux онлайн
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— Ah! mon Dieu! s’écria Jeannot épouvanté. Faut-il avoir du guignon! Que faire? Aide-moi, je te prie, à me tirer d’affaire.
Le compère se gratta un moment l’oreille, puis il finit par dire: — Ecoute, je ne vois qu’un moyen. Prends mon oie, et donne-moi ton cochon. Comme je connais par cœur les moindres sentiers, les gendarmes ne réussiront jamais à me dépister, et toi, tu pourras continuer ton chemin la tête haute.
Jeannot lâcha vite la corde de son porc, et saisit à bras-le-corps Madame l’oie, tandis que le villageois, de son côté, s’empressait de filer avec le cochon.
— Ouf! se dit Jeannot, je l’ai échappé belle! Et me voilà, de plus, assuré d’un rôti sans pareil, sans compter la graisse à plein pot que cette bête me donnera, et aussi les belles plumes soyeuses, à s’en bourrer tout un oreiller. Comme, ma mère et moi, nous allons faire bombance!
Tout en se livrant à ces réflexions, il atteignit l’avant-dernier village de sa route. Sur la place, près de la fontaine, un remouleur avait installé son appareil ambulant, et c’était plaisir de l’entendre chanter et siffler, tout en faisant aller sa machine et en affilant ses lames d’acier sur la meule tour à tour grinçante et ronflante.