Читать книгу Une saison aux eaux de St Gervais онлайн

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Soit que l’étranger souffre d’une de ces maladies physiques qui influent si vivement sur le moral, soit que le moral seul se trouve malade, les fatigues, les ennuis et souvent les contrariétés d’une longue route ont dû nécessairement produire en lui une exaspération de malaise. D’un autre côté, l’aspect général des Alpes — surtout quand on les parcourt pour la première fois — est de nature à frapper singulièrement l’imagination, à la jeter dans un état de morosité et de mélancolie auquel elle n’est souvent que trop disposée, sous l’ascendant de sa souffrance préexistante. Or, depuis la gorge de Cluse surtout, jusqu’aux Bains de Saint Gervais, le voyageur a eu le temps — quoique ce trajet soit seulement de quelques heures — de laisser s’accumuler, à son insu, beaucoup d’impressions, beaucoup de causes dont les fruits se révèlent à l’arrivée. Et puis, presque toujours, dans ce site étrange et sauvage, le regard ne rencontre que des visages inconnus, que des personnes installées, qui semblent accueillir avec curiosité, presque avec protection. Ajoute à cela que l’arrivée ayant lieu ordinairement le soir, la gorge des Bains est plus sombre, plus sévère, et parfois entièrement solitaire, les baigneurs étant, en ce moment, répandus dans les promenades environnantes. — J’ai été tenté quelquefois de dresser une statistique des visages rians et des visages taciturnes qui descendent de voiture pour faire un séjour à Saint-Gervais. La liste des premiers serait, je crois, à peu près nulle.

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