Читать книгу Histoire de Pascal Paoli. La dernière guerre de l'indépendance (1755-1807) онлайн
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La ville d’Ajaccio avait devancé ces démonstrations populaires par l’envoi d’une députation à Marseille, dont Joseph Bonaparte faisait partie. C’était lui qui, dans la Corse ultramontaine, représentait en première ligne le parti de la révolution. Sou frère, le jeune Napoléon, se montrait fier alors de grossir le cortège de Paoli. Le temps et les évènements n’avaient point encore refroidi son admiration. Paoli, de son côté, fut peut-être le premier à démêler le général de l’armée d’Italie, sous le modeste uniforme d’un officier d’artillerie. Ne pourrait-on pas expliquer par la prévision de cette grande destinée, le plaisir qu’il trouvait à s’entretenir des heures entières avec l’élève de Brienne, et les heureux pronostics qu’il formait sur son avenir? Qui n’a pas entendu parler de ces mots prophétiques. «Va mon fils, un jour tu seras un homme de Plutarque.» Tant il avait été ébloui par les premiers éclairs de son génie. «J’ai été fort étonné de trouver dans un jeune homme de cet âge la maturité du jugement qui, par une exception de sa nature privilégiée, semble avoir devancé l’expérience des années et cette grandeur dans les vues auxquelles on reconnaît les hommes supérieurs. Votre frère l’officier en sait plus, sur la guerre, à vingt-deux ans, que n’en savaient nos anciens généraux de l’indépendance à cinquante. Giafferi et Ceccaldi eussent appris de lui comment on résiste à des troupes étrangères dans un pays aussi heureusement disposé pour la guerre offensive. Je me suis permis une prophétie sur son avenir, disait Paoli le 18 novembre 1790, au couvent d’Orezza à son frère Joseph, électeur de cette mémorable assemblée: on la trouvera encore fort hasardée; mais je ne doute pas que le temps, en la confirmant, ne prouve que j’ai deviné juste.»