Читать книгу Histoire de Pascal Paoli. La dernière guerre de l'indépendance (1755-1807) онлайн
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L’exagération de ces alarmes était évidente, non que la résistance prolongée ne pût entraîner le parti du progrès au-delà des bornes de la modération ou le jeter dans de déplorables violences; mais ce qui rassurait les amis de la paix publique, c’est que les excès et les déchirements de la guerre civile ne sont à craindre, que lorsque les opinions dissidentes ont un nombre à peu près égal de partisans. Alors, comme il y a balance dans les forces, il peut arriver qu’il y ait persévérance et acharnement dans la lutte. Il n’en était pas ainsi de la Corse. Les familles restées en dehors du mouvement régénérateur, formaient à peine le cinquième de la population.
Les députés des communes firent observer au cabinet que le peuple voyait avec une vive inquiétude, la concentration d’une force imposante dans la ville de Corte; que l’ordre public n’y étant nullement menacé, c’était uniquement pour y conserver le despotisme militaire que l’on cherchait à effrayer les esprits par cet appareil inusité. «Ce n’est pas sans une douleur, mêlée de la plus vive indignation, que l’on voit, disaient les députés du Tiers-État, mettre exclusivement les armes aux mains des hommes que, pendant la conquête, nous avons rencontrés dans les rangs de nos ennemis; ce qu’ils veulent avant tout, c’est de fermer à jamais le chemin de la patrie à ceux de nos compatriotes que la proscription força de demander un asile à la terre étrangère. On les représente agités par des ressentiments et résolus de marquer leur premier pas sur le sol natal par des actes d’une féroce vengeance. Le motif de ces méchantes insinuations est connu. On espère obtenir ainsi du cabinet, surpris et effrayé, des pouvoirs, non moins étendus que ceux, dont le général Sionville, si justement nommé le Néron de la Corse, avait fait un aussi épouvantable usage.»