Читать книгу Histoire de Pascal Paoli. La dernière guerre de l'indépendance (1755-1807) онлайн

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Les assurances venues de Londres ne tardèrent point à détruire ces impressions défavorables. Paoli protestait, à son tour, avec noblesse contre tout ce que l’on avait pu élever de doutes injurieux sur la pureté de ses sentiments. Jamais il n’avait eu d’autre ambition que le bonheur de la Corse. Toujours sa personne s’était effacée devant ce grand intérêt. Son exil en était une preuve de plus. Si le cabinet de Versailles n’avait dû s’attendre, de sa part, qu’à des sentiments de haine, l’assemblée nationale avait droit à toute sa reconnaissance. Cette réponse franche et noble confondit ses accusateurs. Le ministère ne voulut point d’autre garantie que sa parole.

«On reconnut alors, dit un historien, que l’insurrection de l’île était dirigée bien moins contre le gouvernement et les troupes, que contre quelques ministres. » Toutefois les Corses réfugiés en témoignèrent du regret. Ces désordres affligèrent surtout le général Paoli. Il craignait tellement qu’on ne le soupçonnât d’y avoir pris une part quelconque, dans l’intention de les faire tourner au profit de l’Angleterre, que, pour dissiper toute espèce d’ombrage, il fut au moment de s’éloigner de la ville de Londres. C’est ainsi qu’il était prêt à sacrifier ses convenances personnelles à la paix de son pays, si jamais son retour pouvait être un obstacle à ce qu’il rencontrât, comme les autres parties de la France, une forme d’administration propre à assurer son bonheur, ce terme constant de tous ses vœux. Non content de cela, il envoya à Paris quelques-uns de ses compagnons d’exil, entr’autres le comte Celestini, avec mission de solliciter de l’assemblée nationale le régime politique sous lequel, pendant son généralat, la Corse marchait à grands pas dans la route du progrès, ainsi que le rappel de tous les exilés, conformément au désir exprimé par les électeurs insulaires. Bien que dépourvus de tout caractère officiel, ces envoyés furent accueillis avec bienveillance et écoutés avec intérêt. On vit même circuler un opuscule, ayant pour titre Coup d’œil sur la situation de la Corse, et que l’on attribua au général Paoli. On y rappelait que son ancienne organisation politique offrait l’image d’un gouvernement représentatif, et qu’elle pouvait se vanter à juste titre d’être entrée la première dans la voie des réformes. On faisait remarquer en outre, ses frappantes affinités avec la constitution actuelle du royaume. «Il serait bien singulier, disait la brochure, qu’après avoir, au prix de quarante ans de combats, devancé les autres peuples dans toutes les tentatives d’émancipation et de liberté, la Corse fût seule exclue des avantages de la constitution!» On se plaignait en son nom, de ce que le mauvais vouloir des chefs de l’administration paralysait tous les effets des décrets émanant de l’assemblée nationale, dès qu’ils étaient favorables au pays. La loi martiale était la seule dont on eût songé à assurer l’exécution.

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