Читать книгу Histoire de Pascal Paoli. La dernière guerre de l'indépendance (1755-1807) онлайн

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Nous avons vu que les décrets de l’assemblée avaient été précédés par de vifs débats. Il ne fallut rien moins que la puissante volonté de Saliceti et la chaleureuse insistance de Mirabeau, pour déterminer un vote favorable. Il était au sein de l’assemblée des députés, qui ne voulaient voir dans la Corse qu’une sorte de possession coloniale. Partant de cette idée, il était naturel qu’ils fussent peu disposés à l’assimiler à une province continentale du royaume. Les lois constitutionnelles n’étaient pas faites pour les insulaires. Dans leur pensée, il était plus politique de leur appliquer un régime spécial. Avec leurs mœurs, la liberté ne pouvait être que de la licence.

Cette opinion n’a rien qui nous étonne. N’est-elle pas encore dans l’esprit de bien des gens? Que d’efforts n’a-t-il pas fallu faire? Combien d’années n’a-t-il pas fallu attendre pour entrer en possession des garanties constitutionnelles, si souvent promises et si tardivement accordées?

L’opposition des députés d’Estourmel et Montlosier déplut infiniment à plusieurs de leurs collègues. M. Mougin de Roquefort, entr’autres, ne put contenir son indignation. «Il serait assez étrange, dit-il, que les restaurateurs de la liberté française refusassent de reconnaître les droits de ceux qui l’ont si courageusement soutenue», et il appuya de toutes ses forces la proposition du comte de Mirabeau. Irrité à son tour de tant de résistance, ce grand orateur lança, contre les opposants, un de ces traits incisifs d’un effet si sûr et si soudain. «Je n’aurais jamais cru, s’écria-t-il en désignant d’un geste énergique le côté droit de la chambre, que la parole liberté produsit dans cette enceinte le même effet que l’eau produit sur les hydrophobes.» Il persista à demander que sa proposition fut mise aux voix et pour vaincre les scrupules de quelques députés, il substitua aux mots crimes légaux, ceux de crimes déterminés par la loi.

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