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--Huit heures!
--Qui donc me sauvera? Qui donc me sauvera?
Et levant les yeux vers l'échafaud il vit, sur la planche fatale, une jeune fille délicieusement belle malgré sa pâleur extrême. Elle dénoua la corde et la jeta loin d'elle...
Lucette! s'écria-t-il...
Et il se réveilla.
--Diable! fit-il, je l'ai échappé belle... Cette maudite montre me ferait pendre, je la rendrai à Zidore.
XII
UNE GIGUE INTERROMPUE
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Bancalou vit s'effacer assez vite cette impression de crainte vague causée par un rêve étrange.
Un rêve, cela ne signifie rien, se dit-il, c'est l'esprit qui trotte au hasard pendant que le corps se repose. Cela prouve seulement, que la matière et l'esprit sont deux choses différentes... il n'est ni plus extraordinaire, ni plus dangereux de voir un échafaud en songe, pendant le sommeil, que de le voir en pensée dans l'état de veille. Mais, par exemple, quand on pense volontairement, on arrange ses idées comme on veut.
Une chose l'inquiétait bien un peu cependant et mettait son raisonnement aux abois: c'est que souvent, en rêve, nous voyons des événements qui ne se sont pas encore produits et que rien ne faisait soupçonner; souvent, en rêve, nous entendons des voix absolument nouvelles, tout à fait inconnues... La musique nous apporte des symphonies merveilleusement arrangées, l'éloquence déroule à nos oreilles ou fait tomber de nos lèvres des périodes chaudes et entraînantes, des sensations toutes neuves réveillent en nous, dirait-on, de nouveaux sens. Quelle inexprimable sensation, par exemple, que celle du vol lent, doux, moelleux de notre corps, sur des ailes larges et souples dans un atmosphère de lumière! Et tout cela meurt au réveil! Nous ne pouvons plus saisir les accords qui nous ravissaient; nous ne savons plus électriser les foules; les pages que nous burinions pour la postérité ne sont plus intelligibles. Le sommeil, c'était le triomphe de l'intelligence et l'épanouissement de la félicité, le réveil c'est l'oubli, c'est le travail opiniâtre de la pensée qui recommence.