Читать книгу Au pays des féeries. Quarante contes empruntés au domaine du merveilleux онлайн

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La fille eut beau se trouver mal d’épouvante, le roi envoya sur l’heure chercher le chapelain pour qu’il bénît l’union du couple; puis, la cérémonie terminée, il dit à l’épouse: — Maintenant, tu peux décamper d’ici avec ton gueux de mari, car il n’est pas séant que des mendiants habitent dans le château d’un roi.

Le musicien emmena donc sa belle moitié à travers prés et forêts, jardins et champs, villes et villages, et tout le temps elle dut aller à pied. Quand elle demandait: — A qui appartient ce beau parc? Et cette ombreuse forêt? Et cette verte prairie? Et cette jolie ville? — le gueux répondait invariablement: — Cela appartient au roi Barbe-de-Grive. Et l’infante, chaque fois, de dire en soupirant: — Hélas! malheureuse que je suis! que n’ai-je épousé le roi Barbe-de-Grive! Sur quoi le gueux ne manquait pas de répliquer: — Je trouve fort déplaisant que tu penses sans cesse à un autre homme. Ne suis-je donc pas assez bon pour toi?

Enfin, ils arrivèrent à une misérable chaumière, et, la fille du roi ayant demandé à qui elle appartenait, le musicien répondit d’un ton joyeux: — C’est ma maison, et la tienne aussi; c’est là que nous allons vivre ensemble. — La pauvre princesse eut le cœur bien gros; il n’y avait point de domestiques au logis, et elle fut obligée de tout faire elle-même. Comme elle s’y prenait constamment de travers, son mari finit par lui dire: — Me voilà bien loti avec toi! Il n’y a plus, je le vois, qu’une ressource. Nous allons faire le commerce de la poterie au marché. Tu t’installeras sur la place et tu vendras la marchandise.

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