Читать книгу Au pays des féeries. Quarante contes empruntés au domaine du merveilleux онлайн

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Un jour, eut lieu la noce du fils aîné du roi. La pauvre servante monta comme les autres regarder de la porte ce qui se passait dans la salle de bal. A la vue de tant de pompe et de magnificence, elle pensa avec mélancolie à son propre sort, et maudit son humeur orgueilleuse et hautaine qui l’avait plongée dans une telle misère. Soudain le fils du roi s’approcha d’elle, habillé de velours et de soie, la prit par la main, et voulut danser avec elle. Elle s’y refusa, et quel ne fut pas son effroi, en s’apercevant que celui qu’elle avait pris pour le fils du roi n’était autre que ce même Barbe-de-Grive qu’elle avait si moqueusement éconduit jadis! Mais elle eut beau résister; celui-ci l’entraîna au milieu de la salle; là, les cordons d’attache de ses poches se rompirent, les pots qui y étaient en tombèrent, si bien que la soupe se répandit sur le parquet luisant et ciré, avec une pluie de rogatons de toute sorte. Ce fut un éclat de rire unanime dans l’assistance.

La princesse bondit vers la porte pour se sauver; mais quelqu’un la rattrapa sur l’escalier et la ramena dans la salle. Ce quelqu’un, c’était encore le roi Barbe-de-Grive, qui lui dit d’un ton plein de douceur: — Ne crains rien, moi et le musicien de la maisonnette là-bas, comme aussi le hussard qui a fracassé ta poterie, nous ne faisons qu’une seule et même personne. Tout cela n’a eu pour but que de briser ton orgueil et de te punir de tes railleries envers moi.

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