Читать книгу L'Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon. Compte rendu, discours, mémoires divers онлайн
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Puisque nous avons la bonne fortune de nous rencontrer ensemble dans un pays qui sait calculer, vous me permettrez bien aussi de compter notre or, je devrais plus modestement dire notre cuivre, en famille; de rappeler en deux mots non pas notre histoire — elle a été magistralement retracée hier — mais quelques traits épars de notre physionomie. Car enfin, ce n’est pas d’hier qu’on travaille en France, et si nous vous avons conviés à la commémoration de notre origine, c’est, avouons-le simplement, que nous en sommes fiers et qu’il nous reste encore assez d’ardeur pour chercher avec vous, dans le sillon creusé par deux siècles, la trace un peu défraîchie de notre enfance. C’est que ces premières heures nous apparaissent maintenant, comme au père de famille, les touchants souvenirs du temps où il aidait à se tenir debout la petite fille aujourd’hui devenue une vénérable matrone; c’est qu’il y eut ici, alors comme en ce moment, malgré la différence des conditions, des liens étroits entre les hommes d’étude, un asile ouvert hors des soucis matériels à toutes les manifestations libres et désintéressées de la pensée humaine, un oasis de l’idéal, un corps resté fidèle en même temps à ses traditions, car il est bon qu’il y ait ça et là quelques institutions qui échappent à l’éternel devenir et ne confondent pas le progrès avec la mobilité. N’est-il pas vrai, Messieurs, que par cela même elles sont, malgré l’ambition du mot, une véritable force sociale? Je vous en prends à témoin, Messieurs des Académies et Sociétés voisines, et ne pouvant les citer toutes, je veux nommer au moins la première, celle qui honore la France, qui en porte le nom et en soutient la gloire, car c’est à elle, à l’Académie française, que remontent les nobles inspirations qui vont au loin stimuler les intelligences; c’est dans cet inépuisable dépôt que s’alimente la réserve d’atticisme, de culture et d’élévation d’esprit, de santé morale dont ne peut se passer notre nation.