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Si rien ne peut justifier la promptitude avec laquelle les jugements énoncés furent portés et adoptés comme infaillibles, il faut avouer que la suite sembla donner gain de cause à nos tristes amies. M. Montauban, quoique toujours affectueux pour sa fille, se montrait vivement préocupé. M. P***, son seul ami, venait le visiter plusieurs fois par jour. On les voyait se promener des heures entières parlant et gesticulant. Pendant le repas que le bon curé consentait souvent à partager, c’étaient des réticences, des mots sans suite, des énigmes, dont personne n’avait le mot, et que chacun croyait comprendre.

Alice et madame Richard ne furent donc point étonnées de voir entreprendre un second voyage à M. Montauban. La recommandation qu’il fit en partant à sa fille de prier pour lui, fut une preuve de plus qu’elles ne s’étaient pas trompées dans leurs conjectures. Après ce nouveau départ, Alice, qui ne savait pas faire un ourlet, rêvait, en secroisant les bras, au moyen de gagner sa vie en travaillant à la manière des princesses persécutées. Elle recommençait de vingt manières la fable de la laitière et du pot au lait, et ce n’était pas sans plaisir que sa jeune imagimation reconstruisait l’édifice de sa fortune. Il est vrai qu’elle se donnait toute facilité. Elle comptait sur la piété de son père pour l’aider à supporter le premier choc. D’ailleurs, pensait-elle, s’il a pu surmonter la douleur qui l’a miné pendant dix ans, il se consolera aisément d’un chagrin qui n’est rien en comparaison. Madame Richard me suivra partout. Je suis sûre que Rose ne me quittera pas non plus: c’est une fille dévouée que je mènerais au bout du monde. Comme elle la voyait sarcler dans le jardin, elle voulut à l’instant même tenter l’épreuve de sa fidélité.

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