Читать книгу Histoire de Pascal Paoli. La dernière guerre de l'indépendance (1755-1807) онлайн
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Ce que l’on avait appréhendé arriva. Une collision sanglante eut lieu entre la population de Bastia et les troupes que commandait M. de Rully, homme d’un caractère violent et énergiquement prononcé contre toutes les réformes nouvelles. Sa conduite fut d’autant plus coupable que, sur d’autres points et notamment à Ajaccio, l’organisation de la garde nationale ne rencontrait aucun obstacle. — Pendant ce déplorable conflit (5 novembre 1789) deux soldats furent tués, deux autres blessés, et un capitaine des chasseurs ainsi que deux enfants reçurent dans les rues des coups de baïonnette. Cependant, quoique l’irritation du peuple fût extrême, l’intervention des gens de bien suffit pour ramener l’ordre au sein de la ville: c’est que le respect pour les magistrats municipaux, cette expression vivante de la cité, était alors dans les masses. La troupe fut consignée dans les casernes et l’organisation de la garde nationale s’acheva sans aucun trouble ultérieur.
Cette scène de désordre eut du retentissement jusqu’au sein de l’assemblée nationale. La responsabilité du sang répandu n’atteignit que l’autorité militaire. Le député du Tiers-État s’en plaignit avec amertume au ministre de la guerre; il s’éleva, avec ses collègues de l’assemblée, contre le régime exceptionnel que l’on semblait voulu maintenu dans tout ce qu’il avait de plus blessant pour le pays, alors que les autres départements de la France rentraient, sans obstacles, dans la plénitude de leurs droits. Montant ensuite à la tribune, le député Saliceti demanda que l’île fût déclarée partie intégrante du royaume et ses habitants admis à jouir des droits et des avantages que la constitution promettait à tous les Français indistinctement. — Nous reviendrons sur cette séance mémorable.