Читать книгу Histoire de Pascal Paoli. La dernière guerre de l'indépendance (1755-1807) онлайн

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A l’exemple de la France, la Corse ne présentait plus que le spectacle d’un vaste collège électoral. Les députés des pièves convoqués à Bastia procédaient, à leur tour, à l’élecsion de ceux auxquels ils allaient donner le mandat de les représenter dans l’assemblée des États-généraux. Les partis se dessinèrent. Les débats furent vifs et animés. Les mandataires du Tiers-État, qui se sentaient déjà forts de l’appui de la majorité, prirent, en face des représentants du clergé et de la noblesse, l’attitude qui appartient aux élus des masses.

Mais avant d’exposer plus en détail les troubles qui sortirent du choc des partis et l’agitation des assemblées électorales, demandons-nous, quelle était alors la véritable situation du pays?

Le bruit de ce qui se passait de l’autre côté des mers, ce que l’on racontait de la prépondérance politique du Tiers-État, de l’exaltation du peuple parisien, de la direction toute démocratique que prenaient les travaux de l’Assemblée Constituante, de la formation des clubs, de tous les symptômes enfin d’une révolution imminente, avaient profondément réveillé dans la Corse ce que la domination française y laissait subsister encore d’idées républicaines. Les partisans de Paoli sentirent renaître leur enthousiasme pour la liberté, et cette haine vigoureuse endormie, mais non éteinte, contre ce qu’ils appelaient le despotisme militaire des Français. Dans ceux qui s’étaient franchement ralliés à la monarchie de Louis XV, ils ne virent plus que des adversaires politiques. Leur position rappelait celle des loyalistes de l’Amérique anglaise au commencement de l’insurrection contre la métropole. Soupçonnés comme ceux-là de complicité avec l’étranger, leur vue excitait les plus violentes clameurs. Irrités de cette injurieuse défiance, bien plus qu’ils n’en étaient effrayés, inférieurs en nombre et non pas en courage aux révolutionnaires, ils opposèrent bientôt l’injure à l’injure et la menace à la menace. Les dénominations de traîtres et de transfuges, qui semblaient oubliées, reparurent sans réserve dans des discours passionnés; elles annonçaient le réveil de ces haines menaçantes sur lesquelles vingt années avaient passé sans avoir eu le pouvoir de les anéantir. On préludait, par des paroles irritantes et des défis réciproques, aux luttes et aux collisions, dont le sanglant souvenir vit encore dans quelques localités.

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