Читать книгу Histoire de Pascal Paoli. La dernière guerre de l'indépendance (1755-1807) онлайн
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Un bienfait, qui toucha vivement les Corses, ce fut la délivrance de tous les malheureux qu’avaient capturés les corsaires barbaresques. Quel jour de bonheur que celui où plus de cent-cinquante insulaires, rendus à la liberté et à la religion de leurs pères, passaient de la côte africaine sur les vaisseaux du roi très-chrétien! Cette pacifique croisade rappelait, à la fin du XVIIIe siècle, les noms des Philippe-Auguste et des St-Louis. Il était digne de leurs successeurs de soustraire ces nouveaux sujets à ce rude esclavage. On vit, avec une joie mêlée d’orgueil, qu’inébranlables dans leur foi, ils l’avaient confessée au milieu des fers, et courageusement défendue de toutes les séductions de l’islamisme. — On ne doit pas s’en étonner. Il n’est point, dans toute la chrétienneté, un peuple plus sincèrement attaché à la religion de ses pères. Elle s’y est maintenue pure de l’alliage de toute communion dissidente. Ce que l’on y verrait avec plus de répugnance, après une invasion de Génois, ce seraient des calvinistes et des luthériens. Paoli eut beau prêcher la tolérance: des juifs débarqués à l’Ile-Rousse implorèrent vainement sa protection. Quelques jours s’étaient à peine écoulés qu’ils emportaient loin de nos rivages leurs capitaux et les symboles du judaïsme. Paoli reconnut son impuissance à lutter contre l’empire des idées religieuses. On en trouve une nouvelle preuve dans l’inébranlable fidélité de ces Corses esclaves, aux doctrines de l’évangile. «Vous voyez parmi nous bien des malheureux, dit l’un d’eux au curé de St-Jean de Bastia, au moment où ils débarquèrent entre le clergé et les confréries; mais vous n’avez pas à craindre d’y rencontrer un seul renégat. Les Turcs ne les trouvaient pas plus disposés à changer de religion, que les anciens Romains ne trouvaient leurs aïeux disposés à accepter le joug de la servitude. — Le souvenir de ces cent-cinquante insulaires ainsi rachetés de l’esclavage ne fut pas étranger, sans doute, au vif sentiment de douleur que fit éclater, dans toute la Corse, la condamnation de Louis XVI.