Читать книгу Histoire de Pascal Paoli. La dernière guerre de l'indépendance (1755-1807) онлайн

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D’autres satisfactions étaient réservées à l’orgueil national. D’un côté, nous verrons ces insulaires, que Gènes traitait jadis avec tant de dédain, élevés, par le talent et le courage, dans l’ordre civil comme dans l’ordre militaire à des postes importants, entrer en vainqueurs dans ses murs, écraser du talon de leurs bottes cette insolente aristocratie qui avait prétendu dicter des lois à leurs ancêtres; de l’autre, elle applaudira avec toute la France à cette série de victoires éclatantes qui portèrent si loin la terreur de ses armes. On l’entendra se féliciter, au milieu de la consternation des rois et de la joie des peuples aspirant à la liberté, d’être le berceau de ce génie extraordinaire qui, après avoir sauvé sa patrie adoptive des périls d’une coalition formidable, la sauva en même temps des horreurs de l’anarchie, laissant encore, après sa chute, le monde rempli de ses œuvres, l’esprit humain de son image, et les cours de l’Europe de l’effroi de son nom.

Ces changements survenus dans les rapports et les sentiments, entre la Corse et la France, réjouirent beaucoup plus qu’ils n’étonnèrent l’illustre exilé. Bientôt sa conduite, pendant la durée de son généralat, allait recevoir une approbation éclatante. Le retour de l’opinion détrompée, il l’attendait avec la sécurité d’une conscience pure; il ne fit rien pour l’amener. C’eût été, du reste, un soin superflu. Sachant sous l’empire de quelles idées le mouvement de 89 s’accomplissait, il n’avait plus à craindre ni la colère, ni les préventions des partis. Du moins le Tiers-État, c’est-à-dire la nation, ne pouvait manquer de venger, par d’éclatantes manifestations d’intérêt et d’estime, le doyen des républicains en Europe, la personnification vivante de la démocratie. Ce qui se passa quelque temps après, prouve qu’il ne s’était guère trompé sur les tendances de son époque et les dispositions bienveillantes de l’assemblée nationale à son égard. La convocation des États-généraux lui parut le renversement de l’ancien régime. «Je compris dès cet instant, écrivait-il à un de ses amis en Corse, qu’il ne pouvait plus y avoir qu’une seule puissance, le peuple. Dire que je pressentais également le rôle que plusieurs de nos compatriotes allaient jouer sur cette grande scène politique, ce serait m’exposer, peut-être, aux doutes d’une railleuse incrédulité. .Certes, je n’ai pas la prétention de voir, dans l’avenir, plus clair que les autres. Mais il me semblait que des hommes accoutumés aux agitations de la vie publique, entreprenants par ambition et fermes par caractère, avaient tout à gagner dans les hasards et les dangers d’une révolution.»

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