Читать книгу Histoire de Pascal Paoli. La dernière guerre de l'indépendance (1755-1807) онлайн

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Nous serions vraiment curieux de connaître la nature et l’importance des concessions contre lesquelles ils réclamaient avec tant d’insistance. Tout ce que nous savons c’est que dans les contrats authentiques comme dans les registres des paroisses, on voyait figurer trois classes de personnes, les nobles, les notables et les bergers . En vérité on ne conçoit pas que l’on dût regretter ces vaines distinctions, à l’égal des droits féodaux dont l’abandon spontané valut d’abord tant de popularité au vicomte de Noailles, au duc d’Aiguillon, à tous ceux enfin qui se laissèrent entraîner par cet élan généreux.

Mais ne nous arrêtons pas davantage aux puériles regrets qu’exprimaient, sur l’abolition de la noblesse, quelques gentilshommes de la Rocca. La majorité, il faut le dire, manifestait des idées plus conformes aux tendances du siècle, et là comme partout ailleurs les instincts révolutionnaires furent assez forts pour briser toutes les résistances rétrogrades.

Les patriotes de Bastia eurent, à leur tour, à combattre une opposition autrement sérieuse, c’était l’opposition armée du comte de Rully, colonel du régiment du Maine, dont la vue seule réveillait les plus tristes souvenirs. Cette conduite insensée ne pouvait manquer d’amener une collision sanglante entre ses soldats et la garde nationale de Bastia. Ses paroles étaient autant de défis insolents. Méprisant du regard ceux qu’il ne provoquait point par les injures, il ne craignait pas de dire publiquement que la ville de Bastia était indigne d’avoir une garnison française. On l’accuse de vouloir renouveler par son emportement les scènes de désordre du 5 novembre; mais on ne permettra plus que de paisibles citoyens soient égorgés sans défense. Armé de deux pistolets et traînant un long sabre à travers les rues de la cité, il annonça à ses troupes qu’il avait ordre du ministre de la guerre de les embarquer le lendemain. «J’ai apporté du bon plomb et de l’excellente poudre, nous allons voir, répétait-il à ses soldats, si les Bastiais seront assez forts pour nous dicter la loi.» Le commandant de la place veut le ramener à des sentiments de modération: son autorité est méconnue. La violence de son langage blesse la municipalité, exalte ses soldats et irrite la population. Son chef l’engage de nouveau à mettre plus de mesure dans sa conduite. A ces sages représentations, il répond par ces mots insolents: Je ne vous reconnais plus pour mon supérieur et ne vous estime pas même capable d’être général de capucins. Un moment après, se dirigeant vers la citadelle, un pistolet au poing, il rencontre un de ses officiers qu’il apostrophe grossièrement. Une altercation violente s’élève entr’eux. Le comte de Rully veut la terminer par un coup d’arme à feu, mais le plomb meurtrier qui était destiné pour l’officier alla blesser mortellement une dame au bas ventre .

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