Читать книгу Histoire de Pascal Paoli. La dernière guerre de l'indépendance (1755-1807) онлайн

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«Ce jour est le plus beau, le plus heureux de ma vie. Je

» l’ai passé dans la poursuite de la liberté et j’en trouve ici

» la plus noble image. Il ne me reste donc plus rien à désirer.

» Après une absence de vingt ans, j’ignore si l’oppression

» à changé mes compatriotes; les changements n’ont pu être

» que funestes, car l’oppression ne fait qu’avilir. Mais en

» brisant leurs fers vous les avez rendus à leur antique vertu.

» Mon retour au sein de la patrie ne saurait vous faire

» douter de mes sentiments. Vous avez été généreux envers

» moi et je ne fus jamais esclave. Ma conduite passée que

» vous avez honoré de votre approbation est le meilleur ga-

» rant de ma conduite à venir. Ma vie entière, j’ose le dire,

» à été un serment non interrompu à la liberté. C’est tout

» comme je l’eusse déjà prêté à la constitution que vous for-

» mez; mais il me reste à le prêter à la nation qui m’adopte,

» et au monarque que je m’empresse de reconnaître.»

On remarque qu’il appuya avec dessein sur ces derniers mots dont la signification est celle-ci: alors nous étions esclaves, aujourd’hui nous sommes vos égaux, alors mon serment eût été un acte de vasselage, aujourd’hui il n’est plus qu’un engagement honorable . C’était faire sentir assez clairement qu’il ne répudiait aucun de ses antécédents; que sa conduite actuelle, bien loin d’être le désaveu de son passé, en était au contraire la justification la plus éclatante. On y vit, en effet, une haute et dernière protestation contre la violente agression de Louis XV. Ce n’était pas lui qui avait changé, c’était la France mieux représentée et plus juste qui changeait de sentiments et de politique. Dès ce jour, le serment que l’histoire enregistrait avec soin, pour le jeter plus tard comme un reproche à sa mémoire, ne semblait-il pas devoir le lier irrévocablement au sort d’une nation, qui réparait, en tant qu’il était en son pouvoir, les maux de la monarchie absolue, d’une nation qui ouvrait devant ses compatriotes le giron constitutionnel, se condamnait pour mieux les défendre, et qui, par l’organe du président de Bonnay, lui décernait, au milieu de ses représentants, les noms de héros et de martyr de la liberté ?.....

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