Читать книгу Histoire de Pascal Paoli. La dernière guerre de l'indépendance (1755-1807) онлайн
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Comprenant qu’il n’avait plus de rôle à remplir dans l’ordre politique où la Corse allait entrer, il prit sans regret le chemin de Rostino. Une obscure et paisible retraite était désormais le seul poste qui convînt à sa position et à la dignité de son âge. Précurseur de son frère, il put juger, par l’accueil si touchant qu’il recevait sur son passage, tout ce que la Corse préparait d’hommages pour l’ancien fondateur de sa nationalité. Il se dit, avec un secret mouvement de satisfaction, que son arrivée devait être le plus beau jour de sa vie.
Nous verrons, en effet, qu’il ne s’était point mépris sur les dispositions de ses compatriotes, et que vingt années d’exil n’avaient rien ôté ni à la popularité de son nom, ni à la vivacité de l’enthousiasme que sa présence seule y avait excité. Oubliant les malheurs de sa patrie, sans se féliciter de ses destinées nouvelles, s’il parlait de la France, ce qui lui arrivait rarement, c’était sans rancune comme sans engouement. Il y avait cependant un Français qu’il détestait cordialement, c’était le maréchal-de-camp Sionville. Tout ce qu’il apprit de sa justice prévôtale, de son goût pour les exécutions militaires, de l’effroi qu’il se plaisait à répandre dans les communes, avait laissé dans son cœur une telle impression de haine et de mépris contre cet homme, qu’il n’en parlait jamais sans un vif saisissement d’indignation. Expression et instrument d’un régime qui n’était plus, cet officier général venait de mourir à Sartene chargé d’années et d’exécration. Il vécut assez pour assister à l’agonie du despotisme militaire. Quel sujet de chagrin pour cet homme que de voir tomber le pouvoir du sabre devant l’empire de la loi civile, et l’appareil des cours prévôtales devant l’organisation des tribunaux réguliers!