Читать книгу Histoire de Pascal Paoli. La dernière guerre de l'indépendance (1755-1807) онлайн
76 страница из 106
Le détour était assez habile. Laisser ainsi la question en suspend n’était-ce pas reconnaître implicitement que la demande de la république n’était pas entièrement destituée de droit et de raison?
Étonné de voir qu’elle osât revendiquer, par la voie diplomatique des droits de souveraineté sur un peuple, qu’elle n’avait pas eu le pouvoir de soumettre, un peuple qui demandait, par l’organe de ses mandataires, à accroître la grande famille française, M. d’Esprémenil n’était pas loin de soupçonner l’action d’une influence étrangère dans les secrets mouvements de la légation génoise, «Il pouvait bien se faire, disait-il, que Gênes fût poussée à cette démarche par le cabinet de l’une des puissances sourdement hostiles à la nation et jalouses de l’accroissement de sa prépondérance au dehors»
Cette idée frappa Robespierre. Il pensait aussi que la république obéissait à une impression étrangère. La preuve en était selon lui dans les obstacles mis à la publication des décrets dans l’île. Il était assez étrange qu’après un silence de huit mois et lorsque déjà la Corse avait envoyé des députés à l’assemblée nationale, la république s’avisât tout-à-coup de réclamer ses prétendus droits de souveraineté. Puis, revenant aux observations déjà présentées sur le danger de surseoir, il insista opiniâtrement pour que l’on passât outre sur cette réclamation tardive et mal fondée. L’ajourner, c’était lui donner la consistance qu’elle n’avait point. Plus il l’examinait et plus il la trouvait absurde. Il se plaignit, en même temps, de ce que les décrets de l’assemblée n’étaient qu’une lettre morte. La Corse en attendait encore les effets. Elle se demandait quelle était la main puissante qui pouvait paralyser ainsi la volonté de la représentation nationale. On comprenait sans peine sa surprise et ses doléances. La suspension des décrets les justifiait suffisamment. Bientôt ils se seraient demandés si les décrets de l’assemblée n’étaient pas une dérision ajoutée aux outrages et aux mépris, dont le gouvernement ligurien avait l’habitude de les accabler.