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Le dessin de Daumier, tel qu’il a paru sous la monarchie de juillet, est une traduction pleine, forte, de la réalité, faite par un coloriste sensible aux masses, aux valeurs, au jeu des lumières. Mais ces qualités que Baudelaire célébrait en 1845 et qui lui permettaient d’opposer Daumier dessinateur à Ingres et de l’égaler à Delacroix, ces qualités ne se sont pas, par la suite, évanouies. Elles ont évolué et elles se sont exaspérées. Les tendances synthétiques qui, dès le début, donnaient au crayon de la grandeur, l’ont emporté ; la notation est devenue brève, impérieuse, fiévreuse. Au travail très poussé, immédiatement lisible pour tous, et qui n’exige aucune collaboration de nos yeux paresseux, s’est substituée une sténographie vivante, d’une lecture moins immédiate, mais éminemment suggestive. J’en trouve le témoignage même dans les pièces bâclées, lâchées, expédiées rapidement sous le second Empire, où parfois un éclair d’inspiration montre que l’instrument ne se désagrège pas, qu’il se métamorphose, dans les admirables lithographies enlevées de verve, pendant les quatre dernières années d’activité de l’artiste, dans ses dessins, ses lavis, ses aquarelles.