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Il a été un analyste des mœurs; il y a été contraint par les circonstances qui l’écartaient de la satire politique, il s’y est attaché par la puissance de son génie. Il n’a pas, comme Henri Monnier, collectionné des menus faits avec la patience vétilleuse d’un entomologiste; il n’a pas eu, ainsi que Gavarni, la fantaisie spirituelle et désinvolte d’un dandy. Il n’a eu ni les prétentions, ni la philosophie vulgaire et courte d’un Grandville. Il a moins observé le détail des faits qu’il ne s’est pénétré de leur signification; bien qu’il ait parfois relevé des faits précis, ce n’est pas par ce côté qu’il nous arrête. Il se peut même qu’il ait allégué parfois des faits littéralement inexacts, mais nul n’a eu une vision plus aiguë et n’a été si perspicace dans l’analyse des ressorts qui font agir les hommes. Comme Balzac, avec lequel on l’a si souvent comparé, il a eu des qualités divinatrices; il a imaginé avec un sens très sûr, plutôt qu’observé : il a été visionnaire de la réalité. Il serait absurde de se borner à son témoignage, il est impossible de le négliger; nul n’a connu comme lui l’âme de la petite bourgeoisie. Il l’a définie avec perspicacité et sans acrimonie; sensible à ses vertus comme à sa médiocrité, narrant avec bonhommie, avec bonne foi.