Читать книгу Au pays des féeries. Quarante contes empruntés au domaine du merveilleux онлайн
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On devine quels cris de fureur poussa le Calife, en se voyant éclaboussé du sang de son émir favori. Tous les convives se levèrent d’un bond, et firent le geste de tirer leurs sabres. Mais Huon n’eut qu’à souffler légèrement dans son cor, et immédiatement commença, hope! hope! une sarabande jusqu’alors sans exemple au palais du Commandeur des Croyants.
Toute la société trépignait, sautait, tournoyait. Et il fallait voir se démener les amples cafetans à ramages, se trémousser les longues aigrettes des turbans, et voltiger au milieu de tout cela, comme autant de papillons couleur feu, les pierreries étincelantes des danseurs.
Huon continua de souffler, et le palais entier entra dans la danse. Cuisiniers, garçons d’écurie, jardiniers et gardes des portes, ce fut à qui se montrerait le plus ingambe, et rivaliserait de légèreté avec les émirs et le Calife lui-même.
Tout à coup le duc se souvint de la jeune captive. Il confia son cor à Chérasmin, en le chargeant d’y souffler à sa place, et se mit à explorer le palais. Il se trouva bientôt devant une porte close; c’était l’appartement de la recluse.