Читать книгу Notice historique sur la commune de Gemozac. D'après les mémoires du curé de Pouzaux et d'autres manuscrits онлайн

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L’esprit gemozacais est positif, calculateur, industrieux, plutôt que brillant et varié. La contrée en est l’image, bocage fertile et peu pittoresque. Les organisations poétiques et surtout musicales y sont très-rares. Les chants rustiques, on ne peut dire pastoraux, toujours en mode mineur, sont traînants et monotones. Il en est tout autrement des bals, ou bourrées à danser: ce sont des motifs courts d’une prestesse et d’un accent remarquables; on dirait, en les comparant aux chansons, le médiocre vin du crû transformé en excellente eau-de-vie. Nous pourrons peut-être en donner quelques exemples.

Quant aux mœurs proprement dites, elles ne sont ni meilleures ni pires que dans une autre commune quelconque; partout le délit le plus grave est plus facile et plus fréquent que le délit moindre, les coups de canif au contrat plus nombreux que les bénédictions après grâces. Et à ce sujet il y a une remarque essentielle à faire sur l’étude des vieux registres de l’état-civil. Le lecteur qui suivrait, par exemple, les six années de 1749 à 1755 y relèverait 43 enfants naturels, soit un huitième des baptisés! Quelles moeurs, pourrait-il s’écrier! quel relâchement! Hélas! non, c’est tout autre chose: Les protestants n’avaient pas d’état-civil, les registres de mariages étant tenus par les curés; et, cependant, le baptême étant pour les protestants article de foi, ils venaient présenter leurs enfants au prêtre catholique, qui les inscrivait comme illégitimes, nés de parents adôués, et ajoutait en marge le mot bastard. Aussitôt que les pasteurs protestants furent tolérés, et dès les dix années suivantes, on voit le chiffre des enfants naturels descendre à un seul par année, c’est-à-dire à la proportion très-honorable d’un sur 75 naissance?. Ce n’est pas la moitié de la proportion ordinaire dans nos campagnes. Ils sont alors tout autrement désignés et spécifiés comme nés de père inconnu ou attribués par la mère (c’était alors chose permise) qui à un laquais de M. de Saint-Seurin, qui à tel notaire demeurant à Chaucrou. Une fille de chambre de Mme de La Porte figure aussi dans ces déclarations. Ainsi, la licence était moins indigène qu’importée, et descendait plutôt que de monter... En est-il bien différemment de nos jours?

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